Courriel

La newsletter des newsletters 💌

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Par Lauren et Dan
1 févr. · 8 mn à lire
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C'est le festival !

Les infolettres à l'honneur - What's up EU - Junglerie urbaine - Retour vers le futur…

Tout d'abord…

Bienvenue dans cette 6ème édition de Courriel ! Amoureux·ses de newsletters, pas d'inquiétude, vous êtes au bon endroit. Dans la même veine que notre missive, qui vous propose depuis quelques mois déjà un voyage en terre d'infolettres, la scène grandissante de la newsletter française a maintenant le droit à son festival ! Ça se passe au Ground Control (Paris 12e) les 2 et 3 février. Pour ce rendez-vous, plusieurs auteur·ices parmi les plus influent·es du milieu comme Lucie Ronfaut (Règle 30), Léa Chamboncel (Popol) ou encore Clément Jeanneau (Nourritures terrestres et Signaux Faibles) animeront des conférences sur le thème, et des prix seront décernés (pour voter, c'est par ici). Avec Courriel, on sera présents pour ouvrir les hostilités jeudi dès 14h, et à 19h pour la table-ronde « Newsletter : le nouvel outil du militantisme » aux côtés de l'autrice Jennifer Padjemi, de Pioche! et des Glorieuses. On se voit là-bas ?


La newsletter de la semaine

Dans son édition du 23 janvier 2023, What's up EU nous apprend que Londres doit encore statuer sur près de 4000 lois européennes encore effectives dans le droit britannique. Jacob Rees-Mogg & Rishi Sunak © What's up EU / ShutterstockDans son édition du 23 janvier 2023, What's up EU nous apprend que Londres doit encore statuer sur près de 4000 lois européennes encore effectives dans le droit britannique. Jacob Rees-Mogg & Rishi Sunak © What's up EU / Shutterstock

Good morning, Europe

Et si l’Union Européenne était autre chose qu’une sorte de vieux coucou bureaucratique ? Que derrière ses rouages parfois incompréhensibles et son parfum de scandale, se cachait mille et une informations intéressantes à côté desquelles passent souvent les médias mainstream ? C’est en tout cas pour nous en convaincre et redorer le blason du vieux continent qu’Agnès de Fortanier et Thomas Harbor lancent What’s Up EU au mois d’octobre 2020, rejoints depuis par Augustin Bourleaud, avec qui on a eu la chance d'en discuter. Tournée vers l’actualité politique et géopolitique, cette newsletter hebdomadaire, très documentée et en plusieurs langues, vous permettra de ne plus vous tromper entre le Parlement européen et la Commission européenne. Un exploit, en somme.

Déjà deux ans et demi que l’aventure What's up EU a commencé ! Comment la newsletter a pris forme ? Est-ce qu’il y a eu un déclic ?

Augustin Bourleaud : La newsletter a été lancée à l’automne 2020 par Agnès de Fortanier et Thomas Harbor, auxquels se sont vite agrégés de nombreux contributeurs volontaires. L’idée de départ, c’est d’expliquer l’Union européenne en des termes intelligibles, mais avec un degré de précision suffisant pour des professionnels ou des étudiants préparant des concours administratifs. En septembre 2022, j’ai repris les rênes en tant que rédacteur en chef de la newsletter. D’un point de vue éditorial, la newsletter s’est structurée progressivement avant d’aboutir à son format actuel, qui consiste en un bulletin hebdomadaire d’environ 1500 mots.

Qu’est-ce qui manque, selon vous, au traitement de l’actualité européenne dans les médias traditionnels, et que seule une newsletter peut apporter ?

A. B. : L’UE est un OVNI politique — avec un langage, une culture, et des institutions, et une tendance marquée au langage technocratique qui la rend souvent difficile à saisir et à décrire. Les médias nationaux écrivent pour un public français, et vont avoir tendance à mettre les projecteurs sur ce qui intéresse un lectorat français, là où What’s up EU essaie de garder l’Union comme cadre de référence. What’s up EU apporte un éclairage technique sur le fonctionnement de l’UE, qui est avant tout une machine juridique. Ce travail d’explication se fait édition après édition, et nous sommes heureux de contribuer à rendre la compréhension de l’UE plus accessible à un public qui n’est pas nécessairement abonné à des publications comme Contexte ou Politico Pro, qui sont à destination des professionnels.

« L’idée de départ, c’est d’expliquer l’Union européenne en des termes intelligibles »

What’s up EU nous plonge dans plein de sujets : énergie, tech, droit et géopolitique. Autant de thèmes cruciaux au moment de penser le vieux continent. On vous lit à Bruxelles ?

A. B. : Bien-sûr ! Notre lectorat francophone se répartit entre Paris et Bruxelles, d’un terminus à l’autre du Thalys. Au sein de la bulle européenne, What’s up EU est lue par des eurodéputés, des assistants parlementaires, des journalistes, des fonctionnaires à la Commission et au Conseil, des diplomates au sein des représentations permanentes, des lobbyistes, des responsables affaires européennes dans des grandes entreprises, et des étudiants.

La newsletter a également été déclinée dans plusieurs langues : roumain, italien, espagnol, ukrainien, russe… Pourquoi seule la version anglaise subsiste aujourd’hui ?

A. B. : L’idée de décliner la newsletter en plusieurs langues nous est venue au début de la guerre en Ukraine. Avec la multiplication des fake news et la désinformation russe sur le sujet, on a voulu rendre notre newsletter disponible pour le plus de gens possibles. Nos rédacteurs ont réalisé un travail admirable pour traduire les éditions dans leurs langues maternelles respectives. Pour des raisons purement logistiques, nous avons mis ces éditions en pause. Mais certaines versions ont sans doute vocation à renaître un jour. L’édition en langue anglaise subsiste pour élargir notre lectorat à un public non-francophone.

Quel est votre rapport au genre newsletter ?

A. B. : La newsletter est un genre particulier et sa rédaction est un exercice fondamentalement différent de la rédaction d’une tribune ou d’un article sur un site internet. Trouver un juste milieu entre concision et précision n’est pas chose aisée, mais on écrit avant tout pour être lus, donc on s’adapte — quitte à refouler nos envies d’écrire des romans sur les dernières jurisprudences de la Cour de justice de l’UE. Le taux d’ouverture de la newsletter est d’environ 50 %, et stable depuis notre lancement.

Parmi les plus de 140 éditions de What’s up EU, est-ce qu’il y a un numéro en particulier sur lequel vous avez aimé travailler ?

A. B. : On pourrait vous répondre « on les aime toutes » mais, à choisir, j’ai beaucoup aimé travailler sur cette édition consacrée à une plénière assez chaotique du Parlement européen sur le paquet « Fit for 55 ». Je me souviens avoir épluché les retranscriptions des débats pour mieux comprendre la position de chacun des différents partis, un travail très stimulant...


Tendances infolettres

Substack, Just Another Life - January 8-14 (Week 103)  Substack, Just Another Life - January 8-14 (Week 103)

Junglerie urbaine

À toutes celles et tous ceux qui regrettent l'époque bénie où Instagram n'était qu'un site où poster des photos, sans Stories ni Reels : les newsletters de photographes sont là pour vous rendre votre paradis perdu. Plus besoin de slalomer entre des photos de desserts servis dans les bocaux ou de doigts de pied dans le sable pour voir du pays. Une newsletter plus tard… Et paf ! Nous voilà rendus à NYC, au Mexique ou en Norvège, à Londres ou à Lisbonne, à Berlin et à Reykjavik (mais quand même, souvent à NYC).

Le genre qui domine est celui de la photo de rue : des clichés pris sur le vif, autour de chez soi ou en voyage. Il y a même des tutoriels pour s’y mettre et des réflexions sur les questions éthiques que la « capture du réel » peut soulever. Mais parfois, malgré les effets de réel, on est bien obligé de constater que ces images sont un peu trop flatteuses surtout celles de Paris. Alors la photographie de rue se rapproche d'une conception plus abstraite, plus candide, et nous propose des photos ouvertement banales, pratiquement ratées, qui ressemblent à des captures d'écran du réel.

Après tout, l'essayiste et militante américaine Susan Sontag ne disait-elle pas que « Le photographe est une version armée du promeneur solitaire qui reconnaît, traque, se confronte à l'enfer urbain (...) Adepte des joies de l'observation, le flâneur urbain nous transmet sa vision d'un monde pittoresque. » C’est peut-être ça, le vrai exotisme.


Top 3 de la semaine

Affiche du film « In Heaven There Is No Beer? » États-Unis, 1984. © Licita FernandezAffiche du film « In Heaven There Is No Beer? » États-Unis, 1984. © Licita Fernandez

Retour vers le Futur

On le sait : depuis quelques années, c'est le retour du vintage. Les friperies triomphent, les vinyles et des tourne-disques sont de nouveau une façon moderne d'écouter de la musique, et les vieilles consoles de jeux vidéo se vendent à prix d'or. Dans ce contexte, les infolettres old-time sont nombreuses. Cette semaine, on a fouillé dans notre grenier à infolettres pour vous proposer de parcourir trois d'entre elles. Et vous n'avez même pas besoin d'une DeLorean propulsé à 88 mille par heure pour les découvrir. Back in time !

  1. Idéalement, ouvrir une newsletter devrait être un bref moment de répit et d'aventure. Un instant qui vient casser le rythme accablant du boulot pour nous offrir une grande respiration et nous donner à voir le monde autrement. C'est tout à fait ce que propose Une page de Proust, une newsletter dont l’autrice sélectionne trois fois par semaine un extrait de À la recherche du temps perdu « que chacun, connaisseur ou non, peut apprécier. » Les pages sont présentées simplement et choisies avec beaucoup de goût et d'humour. Une bonne madeleine au petit-déjeuner, y'a que ça de vrai.

  2. Les plus curieux et les plus anglophones d'entre vous peuvent aussi découvrir sous forme de newsletter le journal que le parlementaire anglais Samuel Pepys a tenu pratiquement chaque jour de 1660 à 1669. L'entrée du jour étant agrémentée d'informations sur les personnes, les endroits et les événements mentionnés, pour se plonger dans une période particulièrement agitée de l’histoire anglaise. Et oublier les épidémies, la réforme des retraites, et les cryptomonnaies.

  3. Une newsletter pour en prendre plein les mirettes ! Posteritati est une boutique en ligne où trouver des affiches de cinéma vintage du monde entier. Pour s'y retrouver, Posteritati publie justement une newsletter qui présente les nouvelles acquisitions ou met en avant quelques affiches remarquables sur un même thème. La semaine dernière, on pouvait ainsi revoir celles d'une vingtaine de vainqueurs du Sundance Film Festival, de Desperado à Pi, en passant par Seeing Red: Stories of American Communists. Elles sont hélas souvent trop chères pour le commun des mortels. Mais il n'est pas interdit de rêver en parcourant le catalogue du site, si vaste qu'on s'y perd facilement.


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Cette édition a été rédigée par Martin Lafréchoux, Alexandre Leguen, Lauren Boudard et Dan Geiselhart. Vous pouvez aussi nous envoyer vos remarques, avis et critiques, on adore (vraiment) ça : hello@crrl.xyz. Et allez faire un tour sur crrl.xyz. Allez, bisous.

Cette lettre a été conçue par Courriel en collaboration avec l'équipe de Kessel Media. Merci à eux !