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La newsletter des newsletters 💌

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Par Lauren et Dan
18 janv. · 8 mn à lire
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Un petit cœur qui bat

Le retour de l'intime, Belle-doche, notre top des NL pour jeunes cadres dynamiques et d'autres surprises…

Tout d'abord…

Good morning 2023 !

Alors, la reprise se passe bien ? De votre côté, vous avez rechargé les batteries et attendu impatiemment de retrouver vos newsletters favorites – et vous voilà déjà submergé·e ? Pas d'inquiétude, Courriel est de retour, pour vous conseiller quelle(s) newsletter(s) lire en priorité ! Et rien n'a changé dans notre promesse, l'idée étant toujours de vous faire croquer à pleines dents dans nos meilleures trouvailles et de continuer d'émerveiller vos yeux (lettrés) d'infolettres captivantes, exquises et (parfois) farfelues. Pour cette nouvelle missive, l'équipe de Courriel vous propose un échange avec l'autrice et journaliste Anaïs Richardin (qui vient de lancer Belle-doche). On vous a aussi préparé notre top 3 des newsletters pour jeunes cadres dynamiques et on essaie (tant bien que mal) de comprendre pourquoi « l'intime » revient en force dans nos boîtes mail… Il n'y a donc plus qu'à vous souhaiter une excellente lecture (et, si ce n'est pas déjà fait, une bonne année 2023).


La newsletter de la semaine

Ni maman, ni figurante… Dites bonjour à la belle-doche !

Élever les enfants des autres, ça vous dit ? Si c'est le cas, Belle-doche parle de vous. Si ce n'est pas le cas, Belle-doche parle forcément d'une amie, connaissance ou collègue dans cette situation. Créé par Anaïs Richardin, Belle-doche est une infolettre bimensuelle qui s'intéresse à la belle-maternité et qui donne la parole à celles qui se retrouvent trop souvent encore caricaturées et peu représentées dans les médias, les films ou même la littérature, si ce n'est en marâtre malveillante et venimeuse. À rebours de ces descriptions navrantes, Anaïs a décidé de faire de sa newsletter une pause bien méritée pour toutes celles qui ont « le cul entre deux ni »… Alors, vous vous êtes reconnue ?

Vous avez choisi de traiter du thème de la belle-mère, un sujet sur lequel les clichés ont la vie dure. Pourquoi est-ce important de changer les représentations et de réhabiliter la figure de la « belle-doche » ?

Anaïs Richardin : Quand j’ai commencé à m’intéresser à la figure de la belle-mère, je me suis rendu compte que ce qui existait, en littérature, au cinéma, dans la culture au sens large, posait majoritairement problème. Je travaille sur les injonctions qui pèsent – fort – sur les femmes et sur les schémas qu’il faut sérieusement interroger et sous lesquels les belles-mères sont noyées tout autant que les autres. Ces représentations de femmes aigries, jalouses et manipulatrices influencent la manière dont sont perçues les belles-mères et donc la manière dont la société les accueille et les considère. Nos vies de belles-doches sont complexes et tellement inexplorées que j’ai eu envie de montrer la diversité de nos réalités, bien loin de celles des marâtres de contes de fées. Et puis, la famille recomposée est une nouvelle norme qui ne cesse de croître, les belles-mères vont devenir de plus en plus nombreuses, il est donc urgent de changer la manière dont on en parle.

Le fait de lancer votre newsletter, est-ce aussi une manière d’être plus indépendantes vis-à-vis des rédactions classiques ?

A. R. : C’est un rôle dans lequel on peut vite se sentir seule, malgré le soutien de son compagnon ou de sa compagne, malgré un entourage qui ne nous renvoie pas dans les cordes de ce que la société attend, malgré des beaux-enfants accueillants… Malgré un contexte positif donc, tous les doutes, les questionnements, les conflits que l’on traverse sont difficilement compréhensibles par celles et ceux qui ne sont pas dans nos pompes. C’est assez vertigineux de se lancer dans cette aventure : on a une flopée de devoirs mais zéro droit. Quand des podcasts ont commencé à émerger sur le sujet, ça m’a beaucoup aidée à construire l’espace dans lequel je me sens bien, à trouver des récits qui résonnaient avec ce que je ressentais, mais pas uniquement. Tous les témoignages dans lesquels je ne me reconnaissais pas m’ont aussi permis d’affirmer ce dont je ne voulais pas, et donc, en creux, ce à quoi j’étais prête à consentir dans cette expérience folle qu’est la belle-maternité. Avec cette newsletter, j’ai envie de pulvériser les clichés mais surtout de créer un point de ralliement pour ces femmes.

« Nos vies de belles-doches sont complexes et tellement inexplorées que j’ai eu envie de montrer la diversité de nos réalités. »

Votre newsletter est encore toute récente ; avez-vous déjà eu, malgré tout, des retours de femmes dans votre situation, pour vous remercier, témoigner de leurs histoires… ?

A. R. : Ma newsletter est toute récente mais je prends depuis quelques années déjà la parole sur ce sujet, et il y a donc une petite communauté de belles-doches qui s’est constituée et dont je fais partie. À chaque publication, je reçois des messages de femmes qui expriment leur soulagement de ne pas être seules, et celui d’être considérées. Que l’on s’intéresse à ce qu’elles sont, à leurs galères, à leurs joies aussi dans ce rôle si particulier que l’on doit construire tout en naviguant entre nos envies et les petites cases dans lesquelles on voudrait nous faire rentrer.

Pour vous, qu'est-ce que seule la NL permet de faire ?

A. R. : J’aime beaucoup l’audio, mais il ne permet pas l’anonymisation que certains récits requièrent. J’ai envie que les femmes avec lesquelles je discute puissent ouvrir les vannes et me parler en toute franchise de leur situation. Et puis, je suis une grande fan de correspondances, je trouve que la lettre est un objet fabuleux. Je suis admirative de ce qu’ont fait les deux journalistes de la Disparition par exemple, mais j’avais besoin du même degré d’intimité sous une forme plus facile à mettre en place.

Quelle est l'édition de Belle-Doche sur laquelle vous avez préféré travailler ?

A. R. : La première. Mais je dis ça parce que je n’en suis qu’à quelques éditions et qu’il est impossible de choisir tel témoignage plutôt que tel autre. Ce que je conserve de la première c’est le souvenir de l’amour que j’y ai mis, de la fébrilité au moment de l’enregistrer, de toutes ces émotions qui rendent le premier envoi si particulier. J’avais peur de m’être plantée sur toute la ligne, tout a coup mon design ne me paraissait plus si intéressant que ça, le collage que j’y avais fait non plus (alors que j’adoooore ce collage !). Bref, il y avait un sentiment de fierté et en même temps de « mais pourquoi je fais ça ? » qui est un cocktail assez déstabilisant mais vraiment grisant.


Tendances infolettres

« ‘Luddite’ Teens Don’t Want Your Likes » @New York Times« ‘Luddite’ Teens Don’t Want Your Likes » @New York Times

Le retour de l'intime

Annie Ernaux a eu le Nobel, c'est la fin des réseaux sociaux, les ados préfèrent la déconnexion, bref après des années de domination des influenceurs calibrant leur moindre post, nous assistons au grand retour de l'émotion brute, et la newsletter est à l'avant-garde de ce mouvement (même les startuppeurs et les crypto bros ont un petit cœur qui bat…).

Il faut dire que le média s'y prête : les auteurs d'infolettre jouissent d'une liberté complète et en profitent pour saupoudrer de ci, de là, des détails personnels et dire ce qu'ils ont sur le cœur. À l'automne dernier, Ben Dietz, dévasté par le décès soudain de son ami et collègue de Vice Matt Schoen, avait ainsi bouleversé sa programmation normale pour lui rendre hommage (c'est sa newsletter, qui va l'en empêcher ?). En France, la newsletter L'intimiste s'intéresse depuis longtemps à la beauté subtile de la vie ordinaire. Les newsletters culinaires enfouissent les recettes sous les souvenirs d'enfance et les photos de vacances. Et on a aussi pu voir débarquer de jeunes auteurs américains, avec des newsletters à mi-chemin entre le poème en prose et le journal intime.

Savoir où sont les jeunes poètes, c'est toujours une bonne idée pour comprendre où va le Web, et apparemment, là, il revient à ses racines : le journal en ligne, comme en 1999. En dehors du fait qu’aujourd’hui y a des horoscopes pour les abonnés payants, tout n'est décidément qu'un éternel recommencement. Vous ne trouvez pas ?


Top 3 de la semaine

Extrait de Salve - Expériences psychédéliques & entrepreneuriatExtrait de Salve - Expériences psychédéliques & entrepreneuriat

La start-up nation s'amuse…

Halte aux clichés ! Qu'on se le dise : les jeunes actifs dynamiques, ça ne signifie pas seulement des lits superposés d'entreprise, des technologies de surveillance ou des business plans en or… Ce sont aussi et surtout des gens qui vont au bout de leur rêve. Si si. Voici quelques projets que vous auriez tort de snobber

  1. Une newsletter à l'intersection de l'entrepreneuriat et des champis hallucinogènes. Tout dans Salve peut vous paraître absurde, mais en même temps il existe désormais des « masturbateurs connectés » vendus avec leur kit de développement d'app, donc manifestement ce n'est pas si absurde que ça.

  2. Une newsletter expliquant comment « investir dans les Lego ». Oui, vous avez bien lu, Lost in The Bricks vous propose d'apprendre comment spéculer sur le prix des jouets, ce qui est à la fois fascinant et sacrément triste. Non ?

  3. Une newsletter pour découvrir l'envers du décor d'une vie de bobo chômeuse. Pardon, de « bômeuse ». La première édition de OK Bômeuse commençait par « “Madame, Vous êtes au chômage.” Même pas bonjour. Rien. ». Depuis, Lisa Delille n'a rien perdu de son humour décapant. Un régal.


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Cette édition a été rédigée par Martin Lafréchoux, Alexandre Leguen, Lauren Boudard et Dan Geiselhart. Vous pouvez aussi nous envoyer vos remarques, avis et critiques, on adore (vraiment) ça : hello@crrl.xyz. Et allez faire un tour sur crrl.xyz. Allez, bisous.

Cette lettre a été conçue par Courriel en collaboration avec l'équipe de Kessel Media. Merci à eux !